Leur rêve était de créer un réseau de sites européens qui dame le pion aux géants américains du secteur, comme AOL ou Yahoo. Les fondateurs du portail suédois Spray avaient une haute opinion de leur mission. Mais ils ont dû se rendre à l'évidence: malgré les nombreuses acquisitions faites ces derniers mois (dont Caramail, site de discussion électronique en direct très fréquenté en France), ils restaient trop petits, pas assez rentables, dans un secteur en pleine concentration et qui exige un développement rapide. Ils ont donc dû se résoudre au mariage avec... un américain: Lycos. Certes, il s'agit de sa filiale européenne, Lycos Europe. Il n'empêche, cette dernière a annoncé le rachat du suédois pour 674 millions d'euros. La transaction, qui se fera par échange de titres, donnera aux actionnaires de Spray 29,26 % du capital de l'entreprise commune, qui espère attirer 19 millions de visiteurs européens.
Spray est particulièrement bien implanté dans le nord de l'Europe et notamment en Suède, où il a vu le jour en 1995, à l'initiative de six internautes, dont la moyenne d'âge était de 21 ans. Ses fondateurs ont très vite revendiqué un style de management propre à l'ère de l'Internet, influencés par Kjell Nordstöm, gourou autoproclamé, membre du conseil d'administration et consultant de l'entreprise. Son idée consistait à allier la modération et la douceur du modèle suédois à l'innovation et à la réactivité de la Silicon Valley. Il l'avait intitulé le «funky business». Mais Spray