Prague envoyé spécial
Les relations publiques confinent parfois au funambulisme. James Wolfensohn y pense-t-il lorsqu'il apparaît, snobe sa tribune et s'assoit face à cette «société civile» qu'il redoute et courtise tant? Il rencontrait hier une centaine de représentants des ONG. Le président de la Banque mondiale sourit: «Je suis ravi que vous vous intéressiez tant à ce que nous faisons.» Une heure et 24 minutes plus tard, l'exercice tourne un peu à vide. Il s'emballe: «Je travaille avec 10 000 personnes, dans 150 pays. [...] Ils ne se lèvent pas tous les matins en se demandant comment entuber les pauvres! Comment on peut ravager l'environnement! Comment installer des gouvernements corrompus!» Il ose même: «Bien sûr, on va parfois entuber. On va avoir des personnes qui vous haïssent.»
Entre-temps, les ONG ont parlé. Les plus radicales avaient boudé la rencontre. Un réseau italien dénonce la «corruption au Lesotho» alors que la Banque discourt «depuis 1996 sur le cancer de la corruption». Wolfensohn répond que, cinq ans plus tôt, à son arrivée, en parler «conduisait à la porte» et, pourtant, il l'a «fait». «Vous vantez les grands projets, pétrole, barrages: 6 milliards de dollars entre 1995 et 1999, dénonce le président de Friends of the Earth International. Mais, à l'arrivée, les pays avec des ressources naturelles croissent moins vite que ceux qui n'en ont pas.»
Wolfensohn défend son oléoduc Tchad-Cameroun, «les 2 milliards dégagés», «l'obligation de superviser». Un Ougandais