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Libération

Mode d'emploi d'une intervention concertée

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Les autorités monétaires amènent les spéculateurs à les suivre.
publié le 23 septembre 2000 à 4h39

L'offensive des grandes banques centrales de la planète pour sauver l'euro a commencé très concrètement hier matin. En arrivant à son bureau de la Banque de France, la direction du marché des changes de l'établissement a reçu un coup de fil d'un des sous-gouverneurs. Sans ambiguïté: «Préparez-vous à vendre des dollars et à acheter de l'euro en contrepartie.» Sitôt dit, sitôt fait: les 260,9 milliards d'euros disponibles dans les réserves de l'Eurosystème (celles de la BCE ajoutées à celles des banques centrales des onze pays membres) sont mis à contribution. Au siège de la Banque de France, les six traders de la salle de change reçoivent les mêmes instructions. Ils téléphonent aux grandes banques commerciales et annoncent la couleur: je veux vendre du dollar, à quel tarif vous me l'achetez? Je veux acheter de l'euro en contrepartie: quel est votre prix?

«Techniquement, c'est une opération très banale. Ce qui fait son efficacité, c'est son «timing» et son «effet de signal»: il s'agit de faire comprendre au marché que l'intervention est sérieuse. Si cela réussit, l'impact psychologique est très important», explique un haut fonctionnaire. Cet impact n'est pas forcément lié au montant des sommes engagées par les banques: «Souvent, les banquiers centraux achètent des lignes de 10 millions d'euros, 20 millions d'euros, ce qui n'est pas énorme. Puis, soudain, le marché peut voir passer une grosse ligne, style 50 millions d'euros d'un coup, ou plus», raconte ce trader d'une grande ba