Dominique Clavier, psychologue du travail et psychanalyste, est responsable de recherche chez BPI, un spécialiste ès reconversions. Il enseigne également à l'université de Sherbrooke (Canada).
Pourquoi la perte d'un emploi est-elle si douloureuse ?
Un licenciement est toujours un traumatisme très violent, quelles que soient les mesures, bonnes ou mauvaises, qui accompagnent la sortie. Parfois, des années après l'évènement, les gens refusent encore d'en parler. Parce qu'ils n'ont pas seulement perdu un emploi un emploi ça se retrouve mais parce que le travail est notre colonne vertébrale. Il nous procure un revenu et des moyens de consommer. Il fournit des repères de temps et de pensée. Il donne l'occasion de développer des compétences, de manière régulière, permet des interactions sociales, implique des actions collectives qui donnent le sentiment d'être utile à la société. Bref, il est la source de l'identité. Lorsqu'il disparaît, l'équilibre personnel est mis en péril.
Que se passe-t-il dans la tête d'un salarié licencié ?
Il se sent abandonné, trahi. Combien de sacrifices n'a-t-il pas consenti pour son entreprise ? Comme pour une mère finalement, une mère abusive qui lui en demandait toujours plus mais qu'il vénérait et considérait, au fond de lui, comme immuable. En disparaissant, elle menace sa propre survie. Tant qu'il produisait quelque chose, il existait. Le jour où l'entreprise ferme, les angoisses de mort et de destruction reviennent. Le licenciement, c'est un peu