Sous des tonnerres d'applaudissements, Vaclav Havel s'installe à la tribune. Tandis que, dehors, se prépare la manif, le président tchèque ouvre les débats au Centre des congrès où se tiennent les assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale.
L'examen de conscience n'épargne personne: «Il arrive à l'homme de penser comme si tout allait cesser d'exister lorsqu'il sera éteint. Il se trompe.» Il parle «des voix qui se lèvent pour aider les pauvres, et qu'il faut entendre». Il se livre à un plaidoyer pro domo pour une mondialisation à visage humain.
A l'écoute. Le message est clair: depuis la chute du Mur, un système a triomphé. Mais cette victoire n'a pas débouché sur les bénéfices escomptés. La répartition des richesses, le droit des peuples ou une plus grande équité manquent à l'appel. Dans le sillage de Havel, les intervenants vont enchaîner les discours sur la nécessité d'écouter la société civile.
«Dehors, des jeunes manifestent contre la mondialisation. Je partage leur passion et leurs interrogations. Mais nous irons de l'avant si nous dialoguons,» dit James Wolfensohn, qui prend la parole ensuite pour fustiger «l'inconscience des pays riches». Le président de la Banque mondiale va s'en prendre à l'«égoïsme des pays riches», et au «maintien de leurs barrières douanières» qui font perdre «250 milliards de dollars» aux pays du Sud. Soit «cinq fois plus que le montant de l'aide publique toujours plus faible». Une aide au développement tellement «oubliée» qu'il y voyait