Strasbourg
de notre correspondante
C'est sa première grève. Christophe (1), 21 ans, travaille chez l'imprimeur Istra depuis novembre dernier. C'est un enfant des 35 heures, embauché à la sortie de son bac professionnel, quand l'entreprise a recruté 40 jeunes dans le cadre de l'accord sur la réduction du temps de travail. Il travaille 35 heures, payées 35. Le jeune homme ne sait pas très bien comment c'était «avant», du temps des 39 heures.
Jeunes frustrés. En revanche, il y a quelque chose qu'il a compris et le désole: dans son entreprise, les jeunes et les moins jeunes ne sont pas logés à la même enseigne. Ses heures de nuit (entre 22 heures et 6 heures du matin) sont rémunérées au taux de 133 %, contre 150 % pour les «anciens». Plus tard, lui n'aura pas droit à la prime d'ancienneté. Christophe gagne 6 900 francs net par mois, nuits comprises. Mercredi 20 septembre, comme la quasi-totalité des 250 salariés de l'entreprise, il a cessé le travail: «Je fais grève pour plus tard, pour ne pas garder ce salaire pendant vingt ans.» Bien décidé à tenir «le temps qu'il faut pour avoir une augmentation». Il ajoute: «Les anciens nous ont bien expliqué la différence entre eux et nous. Pourtant, c'est nous, l'avenir de la boîte.» De fait, explique Bernard, 43 ans, 11 500 francs et vingt-quatre ans d'ancienneté, «ici, les mieux payés des personnels qualifiés gagnent 18 000 francs brut. Les jeunes qui entrent aujourd'hui n'auront jamais ces salaires-là».
Denise, elle aussi, est loin de ces «