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Libération

A la gloire du temps passé

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La médaille du travail récompense la fidélité à l'entreprise. De nos jours, les élus se font rares.
publié le 2 octobre 2000 à 4h59

Dans l'esprit, la médaille d'honneur du travail fait songer à la Fête des mères, à l'adage «travail, famille patrie». Elle date en fait d'après guerre, créée en 1948 par décret. Comme aux Jeux, il y a plusieurs couleurs, or, argent, vermeil. Mais là, pas de classement avec un vainqueur qui arrive seul en tête, on encourage la tâche bien accomplie, la persévérance, l'assiduité, la course de fond. Tout le monde peut gagner, à condition de tenir la distance. Argent: 20 années de service rendues à l'entreprise; vermeil: 30 années; or: 38 années; grande médaille d'or: 43 années.

En 1948, il fallait effectuer tous ces jours et ces années dans une seule et même entreprise. L'époque était à une vie de labeur chez un patron-père de famille. La fidélité avant tout. A mesure que le travail devint flexible et la mobilité encouragée, le challenge se révéla impossible à tenir. Aujourd'hui, le salarié peut comptabiliser jusqu'à quatre employeurs. Ce dernier ajustement date de 1984, il est déjà obsolète. Le ministère de l'Emploi songe à lever toute restriction de nombre mais la question n'est pas de toute première urgence. Car, qui s'intéresse encore à la médaille du travail? Ils sont chaque année 200 000 à se la voir décerner, en grande pompe à la préfecture ou plus simplement au mousseux avec cacahuètes à la cantine de l'usine. Pour l'avoir, il suffit de faire une demande à la préfecture, de façon toute officielle, c'est une «distinction honorifique», rappelle le décret. La coutume est sur