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Libération

Quand la machine dérape

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publié le 2 octobre 2000 à 4h59

«Le week-end, je travaille. Pendant les vacances, je travaille, sauf deux ou trois jours par an. Quatorze à seize heures par jour, je travaille.» Dans un documentaire signé Ana Trane et Cécilia Zadig Jusqu'à épuisement , la Cinquième livre une version pas très rose du monde des start-up de la Silicon Valley. Objet du film, les dégâts du stress et du surmenage parmi les nouveaux adeptes du Nasdaq, ces 20-30 ans qui n'ont pas de temps à perdre, et surtout pas le temps de prendre leur temps. Une directrice d'une start-up: «Dans la Silicon Valley, nous avons atteint les limites des capacités de l'humain, je pense que l'on ne pourra pas aller plus loin.» Sauf qu'à force de pousser sur la machine, elle dérape: évanouissements, vomissements, maladies cardiaques, insomnies et dépressions. Si bien qu'un énorme marché parallèle est venu se greffer sur celui des start-up: acupuncteurs, masseurs, psys y ont pignon sur rue.

Autre lieu de tournage, la Suède où le nombre de maladie liées au surmenage ne cesse d'augmenter et les victimes du Net sont de plus en plus jeunes. Selon une enquête locale, dans le secteur des télécommunications, des médias et de l'internet, un jeune salarié sur cinq a tenté au moins une fois de se suicider. Pour enrayer cette mécanique du pire, une clinique antistress a vu le jour où docteurs, physiologistes se penchent sur les maux ressentis par ces drogués du travail, pour lequels parler de sa santé est encore tabou. La plupart s'en arrangent comme ils peuvent. «J