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Libération

L'invisible manne du pétrole au Nigéria

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Corruption et sabotages minent les chances du 6e exportateur mondial.
publié le 5 octobre 2000 à 5h04

«C'est un cadeau du ciel», exultait, dès la mi-septembre, le ministre des Finances nigérian, Jubril Martins-Kuye. On peut le comprendre: l'envolée des prix du brut devrait se traduire pour son pays, le plus grand producteur d'Afrique et sixième exportateur du monde, par une manne imprévue de 5 milliards de dollars à la fin de l'année. Le pays le plus peuplé du continent, avec 100 millions d'habitants, dont 60% survivent avec moins d'un dollar par jour, a bien besoin d'une rallonge budgétaire. En fait, si les cours du pétrole était inférieurs à 25 dollars, le gouvernement ne pourrait plus payer ses employés à qui il a accordé, en mai, une hausse de rattrapage telle que la masse salariale a doublé dans la fonction publique.

Paradoxe. Or, en septembre, dans les grandes villes nigérianes, on ne trouvait plus une goutte d'essence. Le problème est chronique, en raison de la vétusté des quatre raffineries du pays qui tournent au tiers de leur capacité. Sans compter les mouvements sociaux, comme la grève des conducteurs de camions-citernes qui réclament une augmentation salariale de 20 %. Ou encore les menaces de débrayages du syndicat des cadres du secteur pétrolier. En attendant, la Compagnie nationale nigériane des pétroles (NNPC) a lancé des appels d'offres pour... l'importation de carburant. Et, à Lagos, une tribu assure l'ordre autour des stations, prises d'assaut par des automobilistes à bout de nerfs ou des revendeurs venus s'approvisionner pour le marché noir.

On comprend que