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Robert plante le jardin

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Robert Bouisse, soigneur au Jardin des Plantes à Paris, quitte sa ménagerie.
par Philippe MURARO
publié le 9 octobre 2000 à 5h12

Le mardi 31 mai 2000, il a plu comme zébu qui pisse à la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris. Bravant les intempéries, Robert Bouisse, soigneur depuis trente et un ans, a maintenu sa dernière journée de boulot. Il est arrivé vers neuf heures. Ne retrouvant pas la clé du cadenas, il a démantibulé à coups de marteau la porte de son armoire métallique. Après cette entrée en matière fracassante, le voilà paré, en tenue, cotte de travail verte, pour entamer son ultime rituel journalier.

Dans un local, il s'en va quérir son véhicule de fonction, une brouette multi-usages. Et le boulot Robert? C'est un métier comme un autre, sauf qu'ici on est dehors, c'est mieux que d'être enfermé. Les animaux? Des compagnons à qui l'on doit le casse-croûte et réciproquement. Robert n'est pas du genre à s'épancher.

De lamas en markhors. Première halte, l'enclos des lamas. Petit déjeuner à base de granulés de luzerne et autres légumineuses. La famille lama au grand complet commence à croquer l'apport nutritionnel journalier. Pendant ce temps, il entreprend de balayer et nettoyer l'enclos. La brouette pleine de merdes, il s'en va la vider et la nettoyer à coups de jets. Deuxième enclos, celui des cervicapres, genre de petits cervidés qui bondissent de partout parce qu'ils sont trouillards. Robert continue la distribution des granulés et balayage de crottins chez les markhors, espèce de chèvres aux cornes tarabiscotées. Puis direction les perroquets. Si Robert avait été soigneur dans un dessin-ani