Les barrages routiers ont disparu des routes de France. Néanmoins, ils sont encore dans les têtes des patrons du transport routier de marchandises. En témoigne la création d'une nouvelle organisation de transporteurs routiers: l'Otre (prononcez «ôtre»; pour Organisation des transporteurs routiers européens), à l'initiative des dissidents de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR), qui avait appelé ses troupes à bloquer les raffineries début septembre, en exigeant une baisse des taxes sur le gazole.
«Condamnés, trahis», selon leur propre expression, une quinzaine de syndicats départementaux (sur 76), représentant 2 300 entreprises, ont encore en travers de la gorge la décision de René Petit, le 8 septembre. Ce jour-là, le président de la FNTR avait appelé ses troupes à lever les barrages, sous la pression du gouvernement et du Medef. «90 % d'entre eux étaient encore en place le samedi 9 septembre, se souvient Jean-Pierre Morlin, le président de la toute neuve Otre. On aurait dû continuer. C'était possible. La preuve, Laurent Fabius a bien avancé au 1er octobre le dispositif de baisse de la fiscalité des carburants pour les particuliers. On aurait pu l'obtenir pour les entreprises de transport, qui devront attendre le 1er janvier 2001.» Les contestataires du Sud ont depuis été exclus par la très autoritaire direction de la FNTR, composée, selon l'Otre, «essentiellement de gens du Nord».
L'Otre va donc venir troubler un peu plus le paysage patronal routier. Pa