Lens envoyé spécial
Fatiha B. est aide-soignante diplômée. Après un licenciement économique, elle a payé une grande partie de sa formation, effectuée en 1998 à Seclin, dans le Nord. Elle le rappelle avec insistance, comme une preuve supplémentaire de sa franchise; indignée qu'elle est de se retrouver sans emploi au lieu d'exercer ce métier qu'elle a choisi, toute seule, sans l'aide de personne.
Diplôme en poche, Fatiha B. se présente aux Jardins d'automne, une maison d'accueil des personnes âgées dépendantes (Mapad) située à Aix-Noulette (Pas-de-Calais), qui l'embauche pour un premier contrat à durée déterminée (CDD), le 14 août 1999, en qualité d'aide-soignante certifiée. La direction de l'établissement ne semble pas vouloir se départir de sitôt de ses services puisqu'elle certifie, le 10 septembre 1999, dans une attestation pour appuyer une demande de logement de Fatiha, que «mademoiselle B. sera amenée à effectuer des remplacements de façon régulière dans notre établissement».
«Bougnoules.» Effectivement, les mois suivants, la jeune femme enchaîne les remplacements. Elle aime ce travail, parfois très lourd, au contact des personnes âgées. Elle sympathise avec leurs familles. Il y a bien ce collègue qui répète devant elle qu'«en France, un Arabe s'appelle un bougnoule», qu'«un travail mal fait s'appelle un travail de bougnoule» ou encore «qu'ils [les bougnoules] retournent dans leur pays!». Il affirme aussi que «"bougnoule" est dans le dictionnaire». Fatiha se contente de lui