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Libération

Fouille intime à la brésilienne

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publié le 16 octobre 2000 à 5h27

Il y a des pays où le respect de l'individu au travail n'est pas franchement le souci des employeurs. Au Brésil par exemple, une loi interdit depuis le 26 mai dernier les fouilles au corps à la sortie des usines. Et si le gouvernement a cru bon de légiférer sur ce sujet, c'est qu'il y a eu des abus retentissants dans beaucoup d'entreprises, notamment dans l'industrie textile. Comme l'explique Geraldo de Oliveira, président de la très officielle Commission de l'Etat de Rio contre la fouille intime. «Dans les années 80, les travailleuses de certaines entreprises étaient obligées, avant de quitter l'usine, de monter sur une estrade, de relever leur jupe, d'écarter leur slip et de s'accroupir au-dessus d'un miroir pour prouver au contrôleur (une femme en général) qu'elles n'emportaient rien. Détail sordide, ajoute-t-il, celles qui avaient leurs règles étaient parfois soupçonnées de cacher des objets derrière leur tampon périodique.»

Le mouvement contre ces fouilles commence en 1988 à Rio, à l'initiative de six ouvrières de l'entreprise De Millus, un fabricant de lingerie. Licenciées sur-le-champ, elles réussissent, cinq ans plus tard, à faire condamner leur entreprise pour «coercition illégale», laquelle doit leur payer 750 fois le Smic. Cette victoire fait grand bruit. Entre-temps, la fouille intime est interdite dans la ville de Rio, en 1989. En 1997 l'interdiction est étendue à l'Etat de Rio et, l'an dernier, à tout le pays. Mais beaucoup d'employeurs n'en ont cure ou l'ignore