«Soit il est vraiment très, très con. Soit il a fait ça de façon délibérée. Mais la seconde hypothèse n'est pas possible car elle n'a aucun sens...» La fureur de ce haut fonctionnaire français n'est pas feinte. La gaffe commise par Wim Duisenberg, le patron de la Banque centrale européenne (BCE), dans un entretien publié hier par le Times, a contribué à accentuer le nouvel accès de faiblesse face à l'euro qui a percé le plancher de 0,85 dollar (lire ci-contre).
Qu'a-t-il dit? Tout simplement qu'il n'était pas question que les Banques centrales interviennent actuellement pour soutenir l'euro, les tensions politiques au Proche-Orient rendant le marché des changes extrêmement volatile. Difficile pour les investisseurs de ne pas interpréter ces propos comme un feu vert donné à la spéculation, puisqu'ils ne risquent plus de se brûler les doigts en vendant de l'euro à la baisse. Car, tout comme la bombe atomique, l'arme de l'intervention n'a de sens que si son utilisation est incertaine. «Il n'a plus qu'à lister les cas où les banquiers centraux n'interviendront pas pour que ça soit complet», soupire le même haut fonctionnaire.
«Je ne pense pas.» Même à Francfort, siège de la BCE, on est quelque peu gêné: «La question posée était malhonnête», plaide-t-on cependant. Car Duisenberg s'est contenté de répondre: «Je ne pense pas» au quotidien britannique qui l'interrogeait sur le caractère approprié d'une intervention, alors que les marchés sont rendus nerveux par le conflit israélo-pale