Bruxelles (UE) de notre correspondant
Wim Duisenberg doit-il démissionner? Hier matin, les salles de marché bruissaient de rumeurs sur le départ rapide du président de la Banque centrale européenne (BCE) après sa gaffe monumentale de la veille: dans un entretien accordé au quotidien eurosceptique britannique le Times, il a laissé entendre qu'une intervention pour soutenir l'euro ne serait pas appropriée si sa faiblesse était due à un conflit au Proche-Orient (Libération d'hier). Les investisseurs ont interprété ces propos comme un feu vert donné à la spéculation, et ils se sont délestés de leurs placements en euros. Certes, l'accès de faiblesse de la monnaie européenne avait débuté dès vendredi, mais les propos de celui qui s'autoproclame «monsieur Euro» n'ont rien arrangé. Résultat: la monnaie unique a franchi pour la première fois depuis l'intervention concertée des principales banques centrales de la planète, le 22 septembre, le plancher de 0,85 dollar, à 0,8479, approchant son record de faiblesse du 20 septembre (0,8443 dollar). Et certains redoutent que la BCE décide, lors de sa réunion ce jeudi à Paris, d'une nouvelle hausse des taux d'intérêt.
Fureur. Les analystes financiers et la presse internationale ont évidemment très mal accueilli cette bourde incompréhensible. Le Financial Times consacrait ainsi la «une» de son édition européenne à l'affaire, et estimait que la «seule bonne nouvelle» était que «M. Duisenberg a confirmé qu'il n'irait pas au terme de son mandat»...