La libéralisation, insupportable sur le territoire national, est toujours moins laide chez le voisin. L'Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande, la Suède et la Grande-Bretagne ont partiellement ou totalement ouvert leurs voies ferrées à la concurrence européenne. L'Espagne a promis de le faire prochainement, contrairement à la France, qui s'est toujours refusée à la venue d'opérateurs étrangers. En revanche, la SNCF, à travers sa filiale Via GTI (dont l'entreprise possède 45 % du capital) pointe volontiers le museau dès qu'une offre de marché est lancée en Europe.
Via GTI, qui réalise 15% de son chiffre d'affaires hors de l'Hexagone, gère en Grande-Bretagne la ligne Thames Link, en partenariat avec Goahead, et, en Suède, l'équivalent du RER à Stockholm depuis janvier 1999. En Allemagne, elle a ravi à la Deutsche Bahn les transports régionaux autour de la ville de Bielefeld en mai dernier. Mais il n'a jamais été question d'autoriser les opérateurs étrangers à venir glaner la gestion des lignes régionales en Rhône-Alpes ou en Ile-de-France...
Cette stratégie d'entreprise préoccupe les syndicalistes. «Tout cela manque de cohérence», reconnaît l'Unsa. «Le risque, c'est aussi de se voir demander des comptes en retour», s'inquiète Denis Andlauer, secrétaire général de la CFDT, qui se demande quel argument la France pourra opposer à la future directive européenne prévoyant l'ouverture des marchés de transports régionaux. C'est une situation «politiquement difficile à tenir», reconnaît H