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Libération
Interview

«L'attente d'un rattrapage social»

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publié le 30 octobre 2000 à 5h56

Stéphane Rozès est directeur de l'organisme CSA Opinion. Il analyse les changements d'opinion parmi les salariés, notamment à travers le «baromètre d'image de syndicats», réalisé pour la CGT (lire ci-contre).

Constatez-vous une remontée de la combativité des salariés, de l'esprit revendicatif?

Dans la 8e vague du baromètre CSA-CGT, nous voyons deux indices de l'état d'esprit des salariés allant dans ce sens. Nous constatons une hausse du nombre de salariés se disant près à «faire grève». Cela provient aussi du sentiment qu'ont ces salariés que le «champ des possibles» en matière d'avancées sociales s'élargit. Le chômage en baisse, une croissance forte, font qu'ils perçoivent majoritairement, et plus qu'il y a un an, des marges de manoeuvre pour les «créations d'emploi», «la lutte contre le travail précaire», et «la démocratie dans l'entreprise».

La plus grande combativité constatée est virtuelle. C'est un état d'esprit. Pour passer à l'acte, il faudrait une rencontre entre cette attitude revendicatrice, des objectifs atteignables, un rapport de force favorable et des éléments déclenchants.

Est-ce un changement d'état d'esprit?

Oui. Qualitativement, quelque chose a changé. Jusqu'à récemment, les salariés ressentaient des contraintes extérieures qui pesaient sur leur situation. Aujourd'hui que le discours sur la contrainte extérieure a disparu, ils jugent possible de demander un rattrapage social, voire un meilleur partage de la croissance en faveur du salariat.

Jusqu'à présent, on