C'est comme un rasoir à deux lames: la première lame le procès envoie en justice Napster, accusé de faciliter le piratage de musique. La seconde lame l'accord avec BMG le force à rentrer dans le rang pour survivre: terminé les chansons gratuites et copiables à l'infini, ce sera musique payante et non duplicable. Fermez le ban, le rasoir des majors du disque fonctionne à plein. C'est de la haute technologie juridique de négociation.
«Fuck Napster!» Pour Napster, l'affaire semble réglée. Mais quid des 38 millions de «napstériens» recensés? Sur ce front, l'accord BMG-Napster ne résout rien. Depuis l'annonce de mardi soir, certains utilisateurs du système se lâchent sur les forums du site. «Fuck Napster!», écrit l'un d'eux. La société californienne se serait ainsi «vendue» aux multinationales du disque. Un autre appelle au «boycott» du service, définitivement compromis. Si les napstériens fuient en masse, l'accord ne servira à rien, faute de clients et de revenus. Et l'éventualité n'est pas ridicule. Tout d'abord, l'attaque vise une habitude bien ancrée sur le Net: les internautes veulent la musique tout de suite, facilement et le moins cher possible. Avec Napster, ils trouvaient là le «all you can eat» parfait. On se connecte, on pianote un titre de chanson et on télécharge en quelques minutes le dernier RadioHead ou un vieux Bing Crosby, tout en mettant à disposition sa propre discothèque. Désormais, il faudrait payer. Hank Barry, le patron de Napster, évoque déjà un abo