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Interview

Jean-Pierre Bonafé-Schmitt, médiateur pénal et sociologue«Ils font surtout de l'îlotage civil»

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publié le 6 novembre 2000 à 6h14

La médiation au sens strict n'est pas celle que l'on trouve dans les banlieues. Jean-Pierre Bonafé-Schmitt, lui-même médiateur pénal et sociologue au CNRS à Lyon (1), revient sur ce phénomène qui s'apparente plus à un contrôle social qu'à un processus de résolution des conflits.

«La médiation est à la mode», dites-vous. Pourquoi?

Les autorités traditionnelles de la société sont sur le déclin. La gifle du père, le sermon du curé, la conciliation du maire: tout ça n'existe plus. Ce n'est pas une vision nostalgique mais une constatation: notre société ne fonctionne plus sur l'imposé mais sur le négocié. Chacun peut alors se considérer comme un médiateur, une tierce personne faisant office d'intermédiaire. Par exemple, savez-vous ce qu'on appelle un «médiateur technique»? Un gardien d'immeuble. C'est plus valorisant, mais ça ne veut pas dire grand-chose. Les emplois-jeunes dans les banlieues sont avant tout des polytechniciens du social.

Quand les médiateurs sont-ils apparus?

Historiquement, la fonction de médiation a toujours existé. Le Code du travail prévoit depuis longtemps une liste de médiateurs prêts à intervenir dans les conflits collectifs. En 1973, le médiateur de la République a été créé. Puis, dans les années 70, la justice a mis en place des «conciliateurs» pour régler les litiges hors des tribunaux. Mais c'est en 1984-1985 que sont apparus les médiateurs pénaux dans les associations d'aide aux victimes. Se sont ensuite développées, dans les années 90, les médiations fa