Philip Morris (Marlboro) et R. J. Reynolds (Camel) organisent-ils la contrebande de cigarettes dans l'Union européenne? C'est la grave accusation lancée par la Commission, qui a annoncé, hier, avoir déposé une plainte contre les premier et quatrième fabricants mondiaux devant la Cour fédérale de New York.
Suspicion. D'après le texte de la plainte cité par l'AFP et non diffusé à Bruxelles , l'exécutif européen accuse les deux groupes américains d'avoir «créé et exploité un système sophistiqué de contrebande pour leurs marques respectives qui opère à travers le monde et à l'intérieur de la Communauté.» L'Union «a perdu et continue à perdre des milliards de dollars, dont la privation de droits de douane», affirme la Commission. En 1998, la perte fiscale est estimée à 5 milliards d'euros pour environ 50 milliards de cigarettes importées frauduleusement. Bruxelles avait annoncé le 20 juillet (Libération du 21 juillet) son intention de poursuivre les fabricants de cigarettes mais sans citer de nom. C'est le Parlement européen qui a mis le doigt sur ce trafic rémunérateur et mafieux, dans un rapport de janvier 1997.
Implication. Il laissait alors entendre que les cigaretiers pouvaient être impliqués, les disparitions de «conteneurs» entiers ne pouvant guère s'expliquer autrement. Mais faute de preuve, il s'était abstenu de citer des noms. Les services de la Commission n'en sont plus là. Quel est l'intérêt de ce trafic pour les fabricants de tabac? Alimenter, grâce à des cigarettes