La France n'avait pas les moyens de s'offrir un avion de combat aussi performant que le Rafale. C'est ce que révèle en filigrane le rapport du député Jean-Michel Boucheron (PS) sur le budget de la Défense, qui a été approuvé lundi par l'Assemblée nationale. L'élu breton a fait les comptes: «Au 1er janvier 2000, l'Etat avait dépensé 50 milliards de francs courants depuis 1988 pour le Rafale.» 50 milliards pour un avion qui n'est toujours pas en service et dont le «démonstrateur» a effectué son premier vol en juillet 1986. Il y a bientôt quinze ans! Et ce n'est pas fini, car la première flottille opérationnelle (dix avions) de l'Aviation navale ne sera pas complète avant 2002. L'armée de l'air aura ,elle son premier escadron en 2005.
Reports. A la fin de la guerre froide, la loi de programmation militaire (1984-88) prévoyait que l'armée de l'air et la Marine nationale auraient 137 Rafale à la fin 2000. Or, les armées n'en possèdent que cinq. Jean-Michel Boucheron retrace les reports qui font de l'avion de Dassault une véritable Arlésienne de l'aéronautique: «Eté 1991: allongement d'un an en raison du retard pris par le développement du système de navigation et d'attaque. Octobre 1993: décalage de six mois pour des raisons budgétaires. Avril 1994: glissement d'un an. 1995: arrêt de l'industrialisation de novembre 1995 à mai 1997. Septembre 1995: étalement d'un an. Mai 1996: glissement de deux ans et demi. Avril 1998: recul de dix mois...» Pourquoi ces retards? Parce que le budge