C'était lors de la dernière Gay Pride, le 24 juin. Norbert Wolgust, 44 ans, homosexuel, à la tête de 150 contrôleurs parisiens à la SNCF, suivait dans la cohue le char du Beit Haverim, les juifs gays. «J'ai croisé un des contrôleurs de mon équipe. Au boulot, il me donnait du monsieur et me vouvoyait.. il m'est tombé dans les bras.» Et puis les deux cheminots ont croisé une troisième tête connue. «On s'est dit, il faudrait faire quelque chose.» Trois mois plus tard, Gare, l'association des gays et lesbiennes du rail a déposé ses statuts. Gare réunit aujourd'hui cinquante personnes (sept femmes), parisiennes et trentenaires. Elle n'a encore communiqué, en interne, que par bouche à oreilles. «Le coming-out» général a eu lieu jeudi dernier, conférence de presse à l'appui. Cette semaine, elle prévoit d'arroser d'affiches les vingt-trois directions régionales de la SNCF.
Jean-François Fiévet, 36 ans, assistant dans un service de RH et président de l'association, a fait un calcul. «Potentiellement, on peut être 18 000.» Soit, conformément aux statistiques habituelles, 10% des 178 000 cheminots.
Culture virile. Sur le papier, Gare s'attaque à un «monstre» baigné d'une culture cheminote «virile»: une entreprise de main-d'oeuvre (80% d'agents d'exécution), très masculine (à 85%), avec une hiérarchie un peu militariste, «trois circonstances "aggravantes"», concède Norbert Wolgust. Mais l'association ne veut pas se positionner en entité hystérique. «La SNCF n'est pas une entreprise homoph