Pékin de notre correspondant
Avec les températures hivernales qui se sont prématurément abattues sur Pékin la semaine dernière, le ballet des livreurs de charbon s'est accéléré. A l'arrière de leurs tricycles, une montagne de briquettes rondes d'aggloméré de charbon, qui alimenteront les poêles individuels des hutong, ces ruelles de Pékin à l'habitat traditionnel. Le passage des livreurs de charbon symbolise l'arrivée de l'hiver; il signifie aussi plus de pollution dans le ciel de la capitale chinoise.
Le charbon, qu'il soit consommé individuellement, dans les chaudières collectives, les installations industrielles ou les centrales électriques, est, de loin, la première source d'énergie de la Chine. C'est aussi la principale cause de pollution de l'air et de dépôt d'acide. Résultat: 16 des 20 villes les plus polluées du monde sont chinoises, le taux de maladies respiratoires des citadins est le double de la moyenne des autres pays en développement, et la Banque mondiale évalue le coût de la pollution pour la Chine à quelque 54 milliards de dollars par an. Et surtout, la Chine est en passe de devenir le premier pollueur de la planète, avec le record mondial de l'émission de gaz à effet de serre (même si, par habitant, elle reste encore loin des Etats-Unis).
Prise de conscience. Les dirigeants chinois ont longtemps fait la sourde oreille aux préoccupations environnementalistes, obnubilés par la croissance de leur PIB et l'urgence de rattraper leur retard une fois engagés sur la v