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Libération
Interview

«C'est un marché de dupes»

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Bakary Kante, responsable au Programme des Nations unies pour l'Environnement, estime que l'Afrique n'a pas les moyens de négocier.
publié le 16 novembre 2000 à 6h38

La Haye envoyé spécial

Ancien directeur de l'Environnement au Sénégal, président de l'organe subsidiaire de mise en oeuvre de la convention sur les changements climatiques de 1997 à 1999, Bakary Kante est aujourd'hui directeur des politiques et du droit de l'environnement au PNUE (Programme des Nations unies pour l'Environnement). Alors que la conférence de La Haye oppose, depuis son ouverture, Américains et Européens sur les modalités d'application du protocole de Kyoto (Libération d'hier), cet ex-leader du groupe des pays africains estime que son continent est en position de faiblesse dans ces négociations sur le réchauffement climatique.

Comment l'Africain que vous êtes perçoit-il cette conférence?

L'enjeu de cette conférence est de trouver les modalités pratiques pour mettre en oeuvre rapidement le protocole de Kyoto (1997, ndlr), qui chiffre des objectifs de réduction des émissions de CO2, qui entraînent le réchauffement de la planète. A l'époque, les pays riches, responsables de la pollution, s'étaient engagés à réduire de 5,2 % leurs émissions de CO2 entre 1990 et 2010. Il avait été convenu de mettre en place, entre autres, un «mécanisme de développement propre». En gros, il s'agit pour les entreprises du Nord de pouvoir remplir leurs futurs engagements de réduction de gaz à effet de serre en finançant des projets dans les pays du Sud notamment, pourvus qu'ils soient peu pollueurs. Et c'est une idée louable, car c'est la quantité de CO2 émise à l'échelle de la planète qu