En prônant une «nouvelle approche» des barrages, la Commission mondiale de ces édifices remet en cause un des fondements de la politique de développement. Dans un rapport présenté hier à Londres, cette commission indépendante, créée en 1998 à l'initiative de la Banque mondiale, s'alarme du coût humain et environnemental des 45 000 barrages édifiés dans plus de 140 pays. S'ils ont permis la production de 19 % de l'électricité mondiale, ils ont aussi entraîné le déplacement forcé de 40 à 80 millions d'habitants... «Une tragédie humaine», résume le rapport, fruit de deux ans de travail.
La commission s'interroge aussi sur l'efficacité de nombre de ces édifices qui ont inondé «des plaines et des forêts» et bouleversé «les vies». «Dans de trop nombreux cas, le prix payé par les personnes déplacées, les communautés en aval, les contribuables et le milieu naturel a été inacceptable et souvent inutile», estime le rapport. Le président de la commission indépendante, le Sud-Africain Kader Asmal, ne souhaite pas un «moratoire» sur les projets existants mais plutôt une «nouvelle approche». Leitmotiv : «une réelle concertation des populations», «une transparence», et «une recherche de solution alternative (solaire ou éolienne)». Une tendance au «partenariat» désormais revendiquée par la Banque mondiale, qui a financé 1 % des barrages dans le monde.
La Commission a étudié en détail huit grands barrages et passé en revue un total de 125 grands barrages. Deux rapports s'attardent sur la Chine