Henri, cadre à la Poste depuis 20 ans, a fait 25 jours de grève de la faim pour refuser une mutation arbitraire.
Tout allait très bien jusqu'à l'année dernière. Cadre à la Poste depuis vingt ans dans le même centre de tri, je travaillais la nuit pour mon plus grand plaisir. Mon destin a basculé avec l'arrivée d'un nouveau chef. Sa spécialité : le nettoyage. Autrement dit, briser les cadres, les agents de maîtrise et les responsables syndicaux. Pourquoi ? Pour faire passer la pilule de la réforme de l'entreprise et mettre au pas les gens comme moi qui avaient refusé le nouveau statut.
«La première lettre est arrivée en mai 2000. On m'expliquait alors que le poste que j'occupais depuis dix-huit ans relevait d'une "distorsion fonctionnelle", sorte d'inadéquation entre le grade trop élevé qui est le mien et la fonction que j'occupe. Leur proposition : une mutation sur un poste flou dans les Hauts-de-Seine. Moi, je m'en fichais d'occuper un travail inférieur à mon niveau. Ce que je voulais, c'était continuer à bosser la nuit. Deux nuits de travail, deux nuits de repos, ma vie s'était organisée sur ce rythme. Après avoir refusé, comme l'ancien statut me l'autorise, la Poste m'a mis en demeure. Là, j'ai vu rouge. Et j'ai commencé ma grève de la faim. Pendant vingt-cinq jours en juin dernier, j'ai cessé de m'alimenter, ne buvant que de l'eau sucrée et salée. Je passais mes journées allongé sur un duvet, devant la poste du Louvre, la plus grosse et la plus emblématique de France. J'ai