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Libération

Chez EADS, les syndicats innovent pour exister

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Les salariés du groupe européen inventent le «comité économique».
publié le 22 novembre 2000 à 6h55

Quatre nationalités différentes, 96 000 salariés, 90 sites de production, EADS, le géant de l'aéronautique et de l'armement, est le prototype de l'entreprise européenne du futur. Ce qui a contraint les syndicats des entreprises qui composent le consortium (1) à inventer une nouvelle façon de représenter les salariés.

Quand une entreprise en mange une autre, les règles sociales du prédateur font loi. Ainsi, quand le français Total a absorbé le belge Fina, les syndicalistes belges ont été priés d'apprendre les rudiments du droit du travail français. Mais chez EADS, il n'y a pas de «dominant». La direction de l'entreprise et son architecture ont été composées en respectant l'équilibre des nationalités. A tel point que les deux PDG, le Français Philippe Camus et l'Allemand Rainer Hertrich, expliquent «qu'ils ne font qu'un». Pour ne pas froisser les susceptibilités nationales, exacerbées dans des domaines sensibles comme la défense ou le transport aérien. Résultat, après des mois de discussions, le conseil d'administration a finalement été composé. Mais voilà, pendant que le groupe inventait un nouveau type de société européenne, il excluait la présence de représentants des salariés dans son conseil d'administration, où se trouve pourtant le vrai pouvoir. «On nous a dit qu'il n'y avait pas de place pour nous, parce que si les représentants des salariés entraient au conseil d'administration, ça risquait de tout déséquilibrer», explique un Français. Pas question pourtant pour les sy