«Une usine à gaz», «trop complexe», «pas assez de pouvoirs». Les syndicalistes européens, réunis hier en colloque à Paris à l'initiative de la Confédération européenne des syndicats (CES), ne manquent jamais de qualificatifs peu flatteurs pour parler du Comité d'entreprise européen. Le CEE, instauré par une directive européenne de 1994, est pourtant la seule institution capable de représenter tous les salariés dans une entreprise qui s'internationalise.
Il est pourtant difficile pour les syndicalistes de faire le poids face à une direction transnationale unie. Les 600 comités d'entreprise européens installés ont beaucoup de mal à s'imposer. Ils ne remplissent pas toujours leur rôle de vigie et sont rarement en mesure d'infléchir ou de contrer des projets de délocalisation, de changement dans les méthodes de travail ou de fermeture de site.
A la traîne. Les causes de la faiblesse des CEE sont identifiées. D'abord, les syndicalistes qui sont élus dans les CEE, viennent d'entreprises de nationalités différentes et peinent parfois à se comprendre. «On a sous-estimé l'ampleur du travail à faire, dit Willy Buschak de la Confédération européenne des syndicats. Les soucis de langue, les différences culturelles entre les pratiques syndicales des quinze pays restent réels, même après six ans de pratique des CEE.» Les syndicats sont encore à la traîne des entreprises en ce qui concerne l'internationalisation. Certes, on ne s'ignore plus entre Français, Allemands et Portugais. Mais on ne