Berlin de notre correspondante
L'Allemagne a «peur pour Mercedes»: les millions de lecteurs du Bild, le plus gros tirage de la presse nationale, se sont réveillés hier matin avec ce titre de une et le mot «peur», écrit en grosses lettres rouges. «Notre perle de automobile, l'entreprise modèle, est aspirée par les tourbillons meurtriers de la folie boursière», s'affole le Bild. A l'appui, un graphique en forme d'avalanche, résume le problème: ces trois derniers mois, l'action Daimler-Chrysler a perdu 30 % de sa valeur. Monté jusqu'à 102 euros en mai 1998, quelques mois après la fusion entre l'allemand Daimler et l'américain Chrysler, le titre s'est effondré à un peu plus de 46 euros seulement hier.
Ce qui devait être la plus formidable fusion industrielle de l'histoire s'est transformé en une opération de destruction massive de valeur: quelque 369 milliards de francs de valeur boursière se sont envolés en quelques mois, comme si la brillante étoile de l'automobile allemande n'était plus qu'une occasion un peu bidon. Pour son très énergique patron Jürgen Schrempp, qui ne jurait que par la «valeur pour l'actionnaire» et avait fait de l'alliance avec Chrysler l'axe principal de sa stratégie mondiale, l'épreuve est rude. Au point que les premières rumeurs le disent déjà menacé si la crise se prolonge.
Prédateurs. «C'est comme si on pouvait aujourd'hui s'acheter une classe C pour 25 000 marks au lieu de 60 000», comparaît hier le Bild. La dégringolade de l'action a été si brutale que