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Libération

Le CO2 est-il convertible en dollars ?

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Dans le futur marché de l'air, les entreprises pourront polluer à condition d'acheter ce droit à leurs concurrentes propres.
publié le 24 novembre 2000 à 7h00

La Haye envoyé spécial

Bien sûr, ils sont venus à La Haye pour expliquer. Pour convaincre les plus indignés. Mais ils restent discrets. «Ils», ce sont des représentants de multinationales, de grandes banques ou encore de centrales électriques. Leur présence est fondamentale. Ce qu'ils défendent est explosif: «permis négociables», «droits d'émission» ou pire encore «droits à polluer». A la veille de la clôture de la conférence de La Haye, où les Etats-Unis et l'Union européenne ne parviennent pas du tout à s'entendre sur les modalités d'application du protocole de Kyoto sur les réductions de gaz à effet de serre, les «droits à polluer» sont envisagés par les organisations non gouvernementales et autres associations citoyennes comme une «commercialisation de la planète». Il n'empêche, la question anime copieusement les débats, car le futur marché international, qui verra le jour en 2008, s'évalue en dizaines de milliards de dollars.

Le prix de l'air. Petit retour: l'idée, dont le principe général est déjà inscrit dans le protocole de Kyoto, vient des Etats-Unis, c'est-à-dire du plus gros pollueur de la planète, avec ses 25 % du total mondial des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Après avoir testé le système des «permis à polluer» dans quelques villes américaines, le gouvernement de Washington a fait adopter, en 1990, la loi sur l'air propre (Clean Air Act). Ce sont alors toutes les centrales thermiques au charbon du territoire qui doivent alléger les émissions de CO2. Pour