Tenir pour les enfants
Dix heures, à l'intérieur d'un magasin de vêtements du Nord. Deux mondes se croisent. François, petit homme aux cheveux poivre et sel, à la blouse grise, range ses balais alors que les premières clientes pénètrent dans un décor de robes pastel à 500 F. François a le profil type de l'agent de propreté en contrat à durée indéterminée: il n'effectue que dix-huit heures par semaine pour 2 500 F par mois. Il n'est «homme de ménage» que par nécessité et ne se sent pas tout à fait à son aise dans une profession où 70 % des salariés sont des femmes. «Il paraît que les clients trouvent les hommes moins présentables.» A 37 ans, il se rappelle avec nostalgie et une certaine fierté le temps où sa famille prospérait grâce aux 10 000 F qu'il rapportait chaque mois. A l'époque, l'absence de qualification n'était pas un obstacle pour être magasinier dans des sociétés d'intérim en Belgique. Mais un jour on n'a plus voulu de lui. Il fallait parler flamand. Alors, il se retrouve agent de propreté dans société, touchée, elle aussi, par la concentration qui fait rage dans le secteur. Le patron fait tout pour obtenir des contrats, se pliant aux conditions fixées par le donneur d'ordres.
Comme beaucoup, François a commencé par remplacer des salariés, deux heures par-ci, par-là. Après deux ans dans le métier et pour un taux horaire de 42,7 francs brut (1), il a désormais quatre chantiers fixes dans quatre endroits différents et passe quotidiennement une heure dans sa voiture. D