Ils travaillent mais sont pauvres, obligés parfois d'aller quémander de l'aide pour boucler les fins de mois. Ces «oubliés de la croissance» représentent 22 % des personnes accueillies par le Secours catholique, a rappelé cette organisation lors de son bilan annuel, il y a une dizaine de jours. Ballottés entre deux mondes celui de l'exclusion et celui du travail , ils sont peu visibles et mal connus. Fin octobre, l'Insee a sorti les premières estimations: 1,3 million de personnes sont des travailleurs dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté (1). Mais comme ils sont nombreux à vivre en famille, leur entourage est aussi concerné. «Au total, souligne l'Insee, c'est plus de deux millions de personnes et plus de 800 000 enfants qui sont touchés par cette pauvreté.»
Les trois quarts des travailleurs pauvres gagnent moins de 4 000 F par an, soit environ 3 500 F par mois. Même s'ils connaissent le chômage plus souvent que les autres, les deux tiers ont occupé un emploi, salarié ou indépendant, toute l'année. Mais les revenus ne suivent pas. Le boom du travail précaire explique en partie la pauvreté d'aujourd'hui. Selon l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, dont le rapport 2000 vient d'être publié, 21% des actifs pauvres travaillent à temps partiel, et 39% à temps complet (2). La norme classique du temps plein a cédé le pas à un emploi dégradé au salaire rogné. Vingt heures au Smic par semaine ne donnent pas de quoi vivre. Parfois, les r