Tokyo de notre correspondant
Si ce n'était son fort accent français lorsqu'il s'exprime en anglais, le directeur financier de Nissan, Thierry Moulonguet, pourrait aisément faire oublier qu'il travaillait encore, il y a un an et demi, à la direction générale de Renault. Lors de la présentation définitive, la semaine dernière à Tokyo, des bons résultats semestriels (172 milliards de yens, soit 1,5 milliard de dollars contre 323 milliards de yens de pertes l'année précédente à pareille époque) du constructeur nippon, ce bras droit de Carlos Ghosn, le président du groupe, a parlé «Nissan» aux journalistes japonais. Le financier Moulonguet parle yens, année fiscale japonaise, Bourse de Tokyo.
Mariés heureux. Comme pour la trentaine de cadres français expatriés dans le quartier de Ginza à Tokyo, siège de la firme, le pays du Soleil-Levant est devenu sa patrie professionnelle. Expatrié, d'ailleurs, est un mot que les dirigeants français préfèrent escamoter. Tout comme le losange de Renault. Recrutés, l'été 1999, par Carlos Ghosn pour être, avec une poignée de cadres nippons triés sur le volet, les architectes du Nissan Revival Plan (NRP), ils ne jurent maintenant que par les six lettres du constructeur japonais, toujours synonyme dans l'archipel de qualité et de puissance industrielle. Pour eux, l'acquisition en mars 1999 par Renault de 36,8 % des actions de Nissan, alors au bord de la faillite, se résume en un mot-clef: l'alliance.
«Notre objectif est d'édifier un groupe binational.