Pékin de notre correspondant
Le commentaire du magazine américain Forbes se veut un compliment: «Il n'y a probablement jamais eu meilleure époque pour les capitalistes dans la Chine moderne.» Un jugement qui accompagne la publication de la liste des 50 plus grandes fortunes de Chine communiste réalisée par Forbes, un «top 50» dont l'existence montre à quel point l'empire du Milieu s'est transformé en vingt ans de réformes économiques. L'homme qui domine cette liste, avec 1,9 milliard de dollars à son actif (1), soit 20 % du total cumulé des 50 premiers, pourrait à première vue surprendre: Rong Yren, aujourd'hui âgé de 84 ans, a passé une bonne partie de sa vie au service de l'Etat ce qui n'est pas, en principe, le meilleur moyen de s'enrichir... Mais Rong Yren, dont la famille contrôlait l'une des plus grandes fortunes chinoises avant la victoire des communistes en 1949, résume à lui seul l'histoire mouvementée du XXe siècle dans cette partie de l'Asie, et symbolise les relations incestueuses qu'entretiennent le pouvoir et le capital dans la Chine actuelle.
Fils «sacrifié». La famille de Rong était l'une des dynasties qui contrôlaient l'économie de Shanghai à partir des années 20. Son père et son oncle étaient les «rois» du textile et de la farine. A la victoire communiste, la famille s'est dispersée, certains se réfugiant à Hong-kong, alors britannique, d'autres fuyant à Taiwan avec l'armée défaite du Kuomintang. Selon la légende, on chargea Rong Yren de gérer sur place les