Douai, envoyée spéciale.
L'overdose de travail peut-elle tuer? Oui. Les Japonais appellent ça le karoshi, la mort par épuisement sur le lieu de travail. En France, on n'a, jusqu'ici, répertorié aucun cas. Pourtant, à l'usine Renault de Douai, la CGT en a identifié quatre, en 1998 et 1999. Un seul a été reconnu comme accident du travail par la Sécu: celui d'un peintre, retrouvé sans connaissance dans les vestiaires de l'usine et décédé peu après. Un autre, celui d'un opérateur de soubassement de 38 ans décédé chez son médecin après deux malaises à l'usine, est en litige au tribunal des affaires de Sécurité sociale. «Il venait d'être embauché et il allait se marier. Il venait de terminer un CDD pendant lequel il avait travaillé comme un fou, y compris le samedi, pour être sûr d'être pris», raconte Daniel Silvert, secrétaire général CGT du site.
«Pas d'excès». Les autres syndicats ne suivent pas la CGT. Et la direction se défend avec énergie de l'accusation de karoshi. «Ce sont les ouvriers japonais qui se donnent jusqu'à s'oublier. Ça ne peut pas arriver ici. C'est monstrueux de faire croire ça. On ne laissera pas mourir quelqu'un au nom de la productivité. Une usine de 6 000 personnes, c'est une ville. On peut y mourir comme on peut mourir dans son bain», s'indigne Patrick Fournée, responsable de la communication. Renault-Douai a financé une étude confiée au Pr Paul Frimat, de l'institut de médecine du travail de Lille, pour savoir si on mourait plus à l'usine de Douai qu'aille