Le premier lundi de chaque mois, des sociologues analysent l'actualité sociale pour le cahier Emploi.
Sochaux, novembre 2000 : le taux de chômage a fortement baissé, l'usine Peugeot embauche (3 000 intérimaires sur le site), crée une troisième équipe de nuit (1 500 ouvriers, volontaires). Les 35 heures y sont appliquées depuis plus d'un an. Occasion d'en faire le bilan avec un jeune ouvrier de 32 ans, délégué CGT (non signataire de l'accord) : «Les 35 heures ? ... Grosse arnaque ! Nous, on ne fait pas les 35heures mais 36 heures 35... Dans cet accord, faut pas oublier qu'ils peuvent nous imposer des samedis . Et on peut rien y faire ! Les points positifs, honnêtement, je les cherche. Bon, il y a les 21 minutes chaque matin. Point final ! Mais 21 minutes chaque matin, ça change pas votre vie, d'autant plus qu'on est beaucoup plus stressés, qu'il y a beaucoup plus de pression sur les gens et qu'on n'a jamais été autant surveillés...» Ces propos d'un ouvrier témoignent bien de la forme d'hostilité que suscitent à la base les 35 heures. Elle se cristallise autour de différents thèmes : l'intensification accrue du travail, la sortie des temps de pause du temps de travail effectif, la multiplication du travail du samedi, les dates de congés imposées, le grignotage des salaires par réduction des heures sup, la crainte de ne plus pouvoir être augmentés. D'ailleurs l'engouement provoqué par le travail de nuit s'explique par la hausse de 22% du revenu net. Ces griefs anti 35 heures se