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«Femmes de», statut désargenté

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Travailler avec son mari n'est pas considéré comme un métier.
publié le 4 décembre 2000 à 7h30

Dans la catégorie «femmes de...», celles du bord de mer sont les plus mal loties. Les agricultrices bénéficient d'un statut garantissant une retraite depuis les années 50 ­ revalorisée l'année dernière ­, les femmes d'artisan ou de commerçant depuis 1982. Les femmes de pêcheur ont attendu 1997. Une ouverture a minima: leur retraite est chiche (1) et les instances professionnelles leur refusent toute représentation. «Même la caisse d'allocations familiales spécifique à la pêche nous est fermée, explique Eliane Maheut, présidente de la Fédération interrégionale des femmes du littoral. On se bat contre des règles archaïques.» L'association aimerait que les comités de pêche leur fassent officiellement une place. Mais à la création du statut de conjoint collaborateur en 1997, ce fut une levée de boucliers. «Individuellement, les hommes reconnaissent notre aide, dit Eliane Maheut, collectivement, c'est l'hostilité.»

Ailleurs, dans l'artisanat ou le commerce, des commissions ou des réseaux de femmes se sont implantés dans les instances professionnelles. Mais quelle que soit la branche, l'écueil reste le même. Travailler avec son mari n'est pas considéré comme un métier. Malgré l'existence d'un statut officiel (conjoint collaborateur, salarié ou associé), peu de femmes sont déclarées ­ il n'y a aucune obligation à le faire. Aujourd'hui, 18 ans après la loi de 1982, seules 10 % des 250000 femmes d'artisan ou de commerçant (2) ont une existence légale. Les autres vivent sans salaire ni