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Libération

Nadym, 48 000 âmes nourries au gaz

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La ville a poussé il y a trente ans sur un gisement très riche.
publié le 9 décembre 2000 à 7h46

Nadym envoyée spéciale

Il y a trente ans, il n'y avait là qu'une terre arrachée à l'eau, prise par les glaces de septembre à juin. Et peu de traces de vie à part les campements dispersés de quelques centaines de Nénètses, ce peuple du Grand Nord qui vit de l'élevage des rennes, et les baraquements abandonnés du «chantier 501», un camp du goulag démantelé à la mort de Staline en 1953. A Nadym ­ où se trouvait le centre administratif du camp et la voie ferrée construite par les détenus ­ le monopole du gaz soviétique, dont les géologues avaient découvert d'immenses gisements, décida d'édifier une ville.

Spéléothérapie. Nadym, qui fête ses 28 ans, a tout d'une ville-champignon: de mornes immeubles de cinq étages y sont disposés régulièrement sur des rues tracées au cordeau dans l'immensité blanche de la neige. Comme le bourg voisin de Pangody, que l'on appelle un hameau malgré ses 10 000 habitants, Nadym et ses 48 000 âmes vivent à l'heure du géant gazier Gazprom. Ou plutôt de sa filiale locale Nadymgazprom, dont la production peut chauffer trois fois la France. C'est elle qui finance écoles, centres sportifs et dispensaires, où l'on retape à coup de spéléothérapie les travailleurs atteints du «syndrome polaire», à savoir du manque de soleil, de vitamines et d'oxygène.

La vie dans cette contrée proche du cercle arctique ressemble à un combat désespéré pour recréer la normalité et sortir de l'enfermement quasi insulaire qui fait dire aux habitants qui retournent visiter leur région