Marie, 38 ans, travaille depuis dix ans dans une grosse société d'informatique. Elle est chargée de communication.
«Ce que j'aime et déteste dans la vie de bureau, ce sont mes collègues. Parfois, je rêve de travailler chez moi, mais mon songe est vite interrompu par une angoissante question :"Avec qui prendrai-je mon café le matin ?" Pourtant, quand j'arrive au bureau, à peine réveillée, je suis régulièrement de mauvaise humeur. Je n'ai envie de parler à personne, pas envie de décrocher mon téléphone. En fait, je n'ai pas envie de venir du tout. Souvent, encore au fond du lit, je suis obligée de me motiver : "Allez Marie, lève-toi, tu ne peux pas faire mourir ta grand-mère encore une fois." Je rêve aussi de cet arrêt maladie qui interrompt d'un coup la routine du métro et du boulot. Mais, en bonne élève, je n'ai jamais séché le bureau.
«Comme dans une cour de récré, j'ai mes copains et copines préférés. C'est avec eux que je vais déjeuner. Je peux leur parler de mes angoisses de travail, débiner les chefs ou leur raconter mes vacances. C'est un cercle restreint mais très important, une sorte de protection contre les agressions extérieures. Et puis, il y a tous les autres, ces collègues qui m'inspirent un sentiment partagé : je les aime bien, leur présence me rassure, on rigole bien, mais, en même temps, ils m'oppressent et m'agacent. Quand une femme passe des heures à vous raconter les dernières facéties de ses enfants, qu'elle bêtifie comme une grand-mère, j'ai envie de lui d