Madrid, de notre correspondant.
La paix sociale, chère au gouvernement de José Maria Aznar, semble s'effriter de jour en jour. Si cette tendance nécessitait un coup de force, les deux principales centrales syndicales espagnoles l'ont porté hier à Bilbao puis à Madrid et, de façon moindre, dans une quarantaine de villes du pays. A l'appel de l'Union générale des travailleurs (UGT) et des Commissions ouvrières (CCOO), plusieurs dizaines de milliers de salariés ont manifesté dans une quarantaine de villes en faveur «d'un travail digne et sûr».
Le coup de gueule syndical en faveur d'un travail stable n'est pas le fait du hasard. L'Espagne connaît un taux de précarité de 32 %, de loin le plus fort de toute l'Europe. En 1997, un accord avait été signé avec la centrale patronale (CEOE) afin de mettre fin à ce fléau. Or, du point de vue de l'UGT et de CCOO, il n'y a pas eu de progrès notable. «Certes, depuis l'accord, environ deux millions d'emplois fixes ont été créés, un record dans la CEE, reconnaît Candido Mendez, secrétaire général de UGT. Mais le drame, c'est que la précarité n'a pas diminué. Pourquoi? Parce que les entrepreneurs poursuivent les mêmes pratiques abusives, signent des contrats temporaires qui pourraient être fixes, parce que les entreprises de travail temporaires (ETT) se situent en marge de la légalité, et que l'inspection du travail ne fait pas correctement son travail. Quant à la centrale patronale, elle refuse de prendre des mesures efficaces.» C'est bien là q