Bourg-lès-Valence (Drôme), envoyé spécial.
Suez-Lyonnaise des Eaux finira-t-elle par avoir l'électricité du Rhône? Par la faute des salariés de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), qui bloquent la navigation sur le fleuve depuis dix-huit jours, le projet d'accord commercial entre le deuxième producteur français d'électricité, et Electrabel, premier producteur belge et filiale de Suez-Lyonnaise, est en train de couler. Les syndicats ont en effet obtenu que l'arrêté ministériel, qui doit avaliser l'accord, soit soumis à plusieurs conditions suspensives: la remise d'un rapport du groupe de travail interministériel sur le cahier des charges de la CNR, la définition des relations avec EDF et la rédaction d'une loi sur le caractère public de la Compagnie. Et l'assemblée générale d'actionnaires, prévue le 21 décembre pour valider le contrat commercial, a été reportée sine die. Même si du côté du gouvernement on affirme que l'accord avec Electrabel tient toujours, tout cela ressemble bel et bien à un enterrement de première classe.
Concurrent d'EDF. Pour Laurent Fabius, c'est un véritable camouflet. Le ministre des Finances s'était engagé personnellement à confier le destin de la CNR à Suez-Lyonnaise des Eaux (lire Libération du 27 novembre). Mais le gouvernement n'avait en fait pas saisi toutes les subtilités d'un dossier extrêmement complexe. Tancé par Bruxelles pour ouvrir son marché de l'électricité, l'Etat a voulu créer de toutes pièces un concurrent à EDF. La CNR pouvait a pri