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Libération

Le stress de la maîtresse

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publié le 18 décembre 2000 à 8h14

Anna, 33 ans, est professeur de latin dans un collège de banlieue. Elle habite à Paris et prend le RER pour aller travailler.

«Je suis très copine avec le prof de musique. Le matin, on se retrouve à la buvette de la gare du Nord, avant de prendre le train de 8 h 11. On boit le café, le prof d'histoire nous rejoint. C'est devenu un rituel, cette buvette. C'est juste un petit comptoir au-dessus de l'escalator, tenu par une jolie fille. On s'est rendu compte que les gens aimaient bien venir pour elle. Elle est maternelle et calme. J'ai remarqué une femme, elle prend son petit déjeuner. J'ai l'impression qu'elle dépose ses enfants à la crèche, puis elle passe. Elle parle beaucoup avec la serveuse, lui raconte sa vie.

«Sur le quai, on retrouve d'autres collègues. On voyage ensemble, à quatre ou cinq. Il y a ceux qu'on aime bien mais sans plus, d'autres qu'on tente d'éviter, comme cet ancien syndicaliste. Il n'arrête pas de parler et nous déprime tous. Dans le train, on se dit "vivement les vacances" ou "je suis crevé". La conversation tourne autour de l'administration et du directeur adjoint qui ne fait pas son travail, du conseiller pédagogique qui n'est pas assez sévère avec les élèves. On lui reproche de faire trop de psychologie, d'avoir l'esprit années 70. Quand les profs lui envoient des élèves perturbateurs, il peut les rerenvoyer en classe. Les profs ne supportent pas, ils ont l'impression que leur autorité est bafouée.

«Il faut être sacrément costaud pour tenir les élèves.