Kourou envoyée spéciale
Vol parfait. Le vol 138 de la fusée Ariane 5 a embrasé le ciel de Guyane à 21 h 26 mardi soir (1 h 26 du matin, heure de Paris) avant de larguer ses trois passagers sur orbite une demi-heure plus tard. Outre les deux satellites de télécommunication Astra 2 D pour la Société européenne de satellite et GE 8 pour GE Americom (groupe General Electric), Ariane transportait un satellite expérimental de l'Agence spatiale japonaise. Au centre Jupiter, qui est en quelque sorte la tour de contrôle d'Ariane, ce nouveau succès du lanceur Ariane 5 a contribué à détendre une atmosphère un peu alourdie par une série de mauvaises nouvelles.
Exercice déficitaire. En effet, pour la première fois de son histoire, Ariane Espace devrait annoncer début janvier un exercice très lourdement déficitaire pour l'année 2000. Plusieurs sources évoquent un trou avoisinant le milliard de francs. Première explication, les Ariane 5 coûteraient trop chères à fabriquer. «Au moment où nous avons signé les contrats pour Ariane 5 au milieu des années 90, la concurrence n'était pas aussi féroce, explique un dirigeant du groupe. La nécessité de serrer les coudes n'était donc pas aussi vitale.» Les Européens ne s'attendaient pas à voir, un jour, des groupes américains comme Boeing et Lockheed Martin envoyer en l'air des fusées russes, respectivement Zenith et Proton. «Les Américains auraient pu s'allier aux Européens... mais non, ce qu'ils veulent c'est la mort d'Ariane», estime-t-on chez Arian