Peut-on partager en parfaite harmonie son logis avec des indésirables qui, de surcroît, viennent vous disputer votre colonie de hamsters? Dans le rôle du propriétaire en titre, l'opérateur historique France Télécom. Ses logis, ce sont les 12 000 centraux téléphoniques qui couvrent toute la France. Les concurrents de l'opérateur public sont les indésirables. Quant aux hamsters, ce sont les abonnés... L'opérateur public va, en effet, héberger ouverture à la concurrence oblige dans ses centraux ses ennemis intimes, afin qu'ils puissent offrir aux abonnés du téléphone et de l'Internet à haut débit. Cette révolution, baptisée «dégroupage», se met en branle le 1er janvier prochain. Elle est source de difficultés infinies. Ce ne sera pas évident tous les jours d'être le roommate colocataire de France Télécom!
Centre névralgique. Une visite dans l'un de ces logis permet de se faire une petite idée des conflits, microscopiques ou fondamentaux, qui vont empoisonner la vie des cohabitants. France Télécom a choisi, pour illustrer ses propos, un central caché derrière une façade anodine, au 56 de la rue Albert, celui de Masséna, à Paris, dans le XIIIe arrondissement. On y descend par un ascenseur. Dans une première salle toute en longueur, courent le long du plafond de gros fourreaux tout noirs, surgissant d'une galerie creusée sous le trottoir. Dans chacun de ces fourreaux, des centaines de paires de fil de cuivre. Au bout de chaque paire, un abonné. Masséna fait partie des gros