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Libération

Les canalisations de l'angoisse

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Les grévistes de la CPCU ont obtenu embauches et mesures de sécurité.
publié le 23 décembre 2000 à 8h26

La tragédie a eu lieu le 15 novembre, vers 20 heures, à 13 mètres sous le sol de la porte de Clignancourt à Paris. Une canalisation de chauffage remplie de vapeur à 200 °C explose. Quatre employés de la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), âgés de 28 à 38 ans, meurent sur le coup. Neuf autres sont blessés, dont un est toujours hospitalisé dans un service de grands brûlés à Lille, en attente d'une greffe de peau. Plus d'un mois après, les 470 salariés de la CPCU ont massivement débrayé jeudi «pour que plus jamais une telle catastrophe ne se reproduise». Les salariés du groupe réclament un meilleur entretien du réseau de vapeur (qui chauffe, entre autres, ministères et hôpitaux parisiens) et des embauches pour améliorer la sécurité des équipes d'intervention.

La rapidité, pas la qualité. La grève, menée par la CGT et SUD Energie, a porté ses fruits: 29 embauches fermes et la création d'une école de formation au sein de la CPCU. Il faut dire que les effectifs avaient fondu ces dernières années: au nom de la rentabilité, plus de 100 départs n'ont pas été comblés. Et le malaise demeure. Une assemblée générale est prévue après les fêtes pour examiner les propositions de la direction. Principale accusée, selon les syndicats, «la course au profit» engagée par l'actionnaire majoritaire, la Lyonnaise des eaux, dans une entreprise qui relevait du service public jusqu'en 1992. Et les salariés bénéficient toujours d'un statut d'agent EDF. Culture d'entreprise contre culture de