«Nous ne sommes pas des steaks hachés!» Le mégaphone porte loin sur le boulevard Saint-Germain, l'une des grandes artères commerciales du Quartier latin, à Paris. Les touristes, nombreux en cette période, se rapprochent du restaurant dont l'enseigne leur est familière. «McDonald's is on strike» («McDo est en grève»), explique un jeune gréviste à un couple britannique. Qui sourit, incrédule, et décide de signer la pétition. Au treizième jour de la grève, 15 000 signatures ont déjà été recueillies. «C'est un signe de l'évolution de l'opinion publique, estime Rachid, jeune délégué CFTC. Après l'affaire José Bové, l'image de McDo en a pris un coup. Et depuis qu'on a passé Noël ici, notre mouvement est devenu très populaire dans le quartier.» Le McDo de Saint-Germain est occupé jour et nuit par une quinzaine des 70 salariés du restaurant. Des étudiants pour la plupart, qui découvrent l'âpreté de l'action syndicale. Les drapeaux rouge (CGT) et bleu (CFTC) sont solidement installés, et la grève se mue en occupation sine die des locaux du géant américain. Même si une équipe déléguée par la direction fait tourner la cuisine à vide.
Mouvement surprise. «Cette grève est née d'un ras-le-bol général, explique Jérôme, six ans de McDo, délégué CGT. Nous l'avons longuement préparée en dehors des heures de travail. On a vu chaque salarié un par un. Tous nous ont dit qu'ils ne supportaient plus leurs conditions de travail.» Le 14 décembre, la quasi-totalité des jeunes salariés (23 ans de moyen