C'est l'histoire d'une noix qui n'en finit pas de se cogner aux frontières européennes. Depuis deux ans, la Commission européenne bloque l'introduction du Canarium indicum, qu'une PME s'efforce d'importer de Vanuatu, dans le Pacifique Sud. Motif: la noix de nangaille, fruit de la taille d'une amande, destinée à l'alimen tation, n'a pas satisfait à la batterie de tests de sécurité alimentaire. Le hic est que les procédures auxquelles la Délégation générale à la santé et à la protection des consommateurs soumet la plus ancienne plante cultivée au monde 14 000 ans sont calquées sur celles des OGM... Or, si des multinationales agro alimentaires ont les moyens financiers pour convaincre de «l'innocuité présumée» de leurs produits, la PME Pacific Nuts Limited ne les a pas. «Il y a quelque chose de choquant», avoue Patrick Deboyser, qui dirige, à l'intérieur de la Délégation, le comité des denrées alimentaires. «D'un côté, les multinationales font passer haut la main des tests aux OGM, de l'autre, un petit producteur d'un produit apparemment inoffensif se fait recaler.»
Derrière la Pacific Nuts Limited (1), il y a Guilhem Maistre, 37 ans. Quand cet instituteur découvre Vanuatu, c'est le déclic. Cet archipel, indépendant depuis 1980 d'un condominium franco-anglais (ex-Nouvelles-Hébrides), survit. C'est un PMA, un des 49 pays les moins avancés. «Le Vanuatu s'en sort grâce à l'aide européenne, un brin de tourisme et quelques exportations, comme le cacao et le boeuf», explique-t-il.