Bogota correspondance
Pour l'an neuf, le Salvador s'est offert une nouvelle monnaie: le dollar. Depuis lundi, la devise américaine cohabite avec le colon local, à un taux de change fixe, et est devenue la seule unité de compte du système financier. En faisant voter l'abandon de la souveraineté monétaire, le 30 novembre, le président salvadorien Francisco Flores voulait «donner un coup d'accélérateur» à l'économie de ce pays de 5,5 millions d'habitants, dont 70 % vivent dans la pauvreté. Selon lui, la stabilité des taux de change devrait attirer les investissements étrangers et maintenir le pouvoir d'achat en contenant l'inflation. Les Salvadoriens sont, pour l'instant, un peu déboussolés par la rapidité de la mesure et apprennent à réciter leur table de 8,75 (nombre de colons pour un dollar).
Méfiance. Le schéma idyllique dépeint par le gouvernement a, en revanche, tout de suite séduit banquiers et patrons, d'autant que le Panama voisin, dollarisé depuis 1904, possède l'économie la plus stable de la région. Même si de nombreuses difficultés laissent craindre un avenir moins rose pour le Salvador. «Notre pays n'est pas prêt, affirme l'économiste Luis Membreño, et la dollarisation à elle seule ne le mènera à rien.» Les entreprises exportatrices se méfient déjà des voisins peu orthodoxes, qui n'ont pas eu peur, par le passé, de dévaluer leur monnaie pour augmenter leur compétitivité. Les fabricants de textile, qui exportent notamment vers les Etats-Unis, s'attendent à une concurr