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Fusions confusions

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Les entreprises se dévorent entre elles et les salariés trinquent. Visite chez Larousse-Bordas, quatre ans après la fusion.
par Anne KUNVARI
publié le 8 janvier 2001 à 21h36

Vivendi-Seagram, Carrefour-Promodes, BNP-Paribas, Elf-Total Aérospatiale-Matra... chaque mois apporte sa moisson de fusions d'entreprises. Un rapport de la Cnuced (1) évalue le mouvement international de concentration d'entreprises à 1 000 milliards de dollars en l'an 2000. Un phénomène sans précédent. Dans la course à la position dominante, la compétition est rude. Les batailles de pouvoir et d'ego font la une de l'actualité. Lagardère et Tchuruk se déchirent pour prendre le contrôle de Thomson-csf, Pébereau et Bouton s'affrontent pour créer le grand pôle bancaire français... Mais après le très médiatique combat des chefs, le silence retombe comme une chape sur une réalité moins glorieuse. Celle des millions de salariés jetés dans la tourmente des restructurations. Achetés, vendus, déplacés, reconvertis, licenciés, promus ou placardisés, ils subissent le grand jeu de construction industriel et financier. Que la fusion soit franco-française ou internationale, qu'elle concerne des géants ou des PME, partout la même histoire se répète. «Les salariés sont systématiquement négligés», observe Rachel Amato, consultante en management. C'est vrai quand la fusion se résume à acheter des entreprises pour les revendre par appartement. La profitabilité de l'opération est liée aux réductions d'effectifs et ne bénéficie qu'aux actionnaires. Mais les salariés sont également sacrifiés dans les fusions qui relèvent d'une stratégie industrielle. Si la création de valeur est affichée comme fin