Le Bourget, envoyé spécial.
Le trente-huit tonnes tente une nouvelle sortie. Sous une pluie glaciale, une cinquantaine d'employés H & M en grève, des jeunes surtout, reforment fissa un barrage humain. Les coups de klaxon le disputent aux slogans. Le chauffeur se résout à couper le moteur, et lâche: «N'oubliez pas que vous risquez gros. On voit bien que c'est votre première grève.» Bien vu.
Au sein du mastodonte suédois du prêt-à-porter HM (1500 employés en France, 24 magasins, Claudia Schiffer en bikini dans les couloirs de métro), c'est effectivement une première pour les «petites mains» de l'unique dépôt français, installé dans la zone industrielle du Bourget (Seine-Saint-Denis). Depuis lundi, une poignée de manutentionnaires et magasiniers en barre l'accès. «On n'est pas nombreux, concède Jules Pelmar, délégué CGT et dread locks sur les yeux. Dans leurs comptes, on ne vaut peut-être pas grand-chose. Mais en bloquant le passage de tous les camions, on leur montre qu'on est là».
«Grève en adultes». Leur revendication? Un treizième mois sonnant et trébuchant, au lieu du sempiternel bon d'achat H&M de fin d'année. «Ils veulent nous refiler des fringues, sourit Abou, 23 ans. Au quartier, je trouve mieux et moins cher. Alors si je bosse pour 5400 francs par mois, ce n'est pas pour la garde-robe». Tous acquiescent. Tous disent vouloir mener leur grève «en adultes». «Comme dans Germinal, sourit Fathia. Sauf que dans le film, ils ressemblent plus à des prolos que nous.» Des fenêtres,